Bref compte-rendu du MusicBiz Music Industry Metadata Summit 2015
Le MusicBiz Music Industry Metadata Summit se tenait la semaine dernière à Nashville. Je m’y suis rendu dans le but de constater l’état des lieux de l’usage des métadonnées pour stimuler l’innovation dans le secteur de la musique en-ligne.
Rappelons qu’avec la prolifération des micro-usages de la musique sur Internet, notamment par le truchement des services de streaming, il sera fondamental de pouvoir automatiser les procédés de répartition des droits payables aux différents acteurs de la chaîne de valeur. On ne peut déjà plus gérer les redevances en se basant strictement sur l’intervention humaine. Un autre constat qu’il s’impose de faire est d’évaluer les pertes qu’occasionne la disparition des informations descriptives de la musique avec le passage au numérique. Pour les amateurs de bonne musique, il devient de plus en plus difficile de connaître le contexte associé à ce que nous écoutons. Qui jouait de la guitare sur tel ou tel album? En quelle année fut enregistrée «Strange Fruit»? Il faut aller sur Wikipedia pour le savoir. C’est absurde.
Or les métadonnées servent l’ensemble de ces besoins à la fois économiques et culturels.
Comme l’affirmait en introduction du sommet l’excellent Mike Jbara, vice-président aux technologies et procédés de Warner Music, avant de se passionner pour le buzz autour du Big Data, il faudrait s’assurer que ce que nous mesurons soit fondé sur du Small Data de qualité, respectueux des contenus : «Work on Small Data»! Toujours selon Jbara, il faut apprendre à travailler de façon méticuleuse, à soigner les détails. Nous rejoignons sa philosophie lorsqu’il affirme l’importance du «Get it Right the First Time», soit la notion d’indexation à la source, par ceux qui connaissent les contenus. Trop souvent, les métadonnées qui circulent dans les réseaux ont été saisies sans conviction, par des intermédiaires qui ne connaissaient pas vraiment la musique qu’ils indexaient.
C’est désormais connu, le ISRC, identifiant unique qui permet de repérer un enregistrement, est utilisé de façon complètement chaotique avec pour résultat des conséquences désastreuses. Mais, comme on le dit souvent, les enjeux de métadonnées ne sont pas sexy ou spectaculaires. On ne séduit que des geeks ou des geekettes en abordant des sujets comme le ISRC, DDEX, ou la différence entre le TIT2 ou le TSOT.
Au nombre des invités de marque cette année nous voulons souligner la présence de Paul Jessop (ISNI et ISRC), Mark Isherwood (DDEX), Tony Brook (DDEX et Recording Academy), Barak Moffitt (Universal), Elliot Van Burskirk (The Echo Nest/Spotify) et Kristin Thompson (Future of Music Coalition). En fait, un seul panel avec ces personnes réunies aurait pu, à lui seul, couvrir la véritable substance abordée par le sommet. Malheureusement, nous devons avouer notre déception en regard de l’événement. L’édition de 2013 à Los Angeles fut nettement plus solide.
Il faut incontestablement souligner le fait que l’industrie de la musique ne parvient toujours pas à résoudre les grands enjeux des métadonnées que sont la définition de standards partagés, l’interopérabilité des données entre les différents silos industriels ou encore l’usage adéquat des métadonnées culturelles de description des contenus. On doit noter l’absence remarquable sur les panels de représentants décisionnels des trois majors ou de leurs associations telles l’IFPI ou la RIAA, il en va de même des sociétés de gestion collectives – un seul représentant de la BMI et personne de l’ASCAP, de la CISAC ou de FastTrack. Enfin personne non plus des milieux documentaires comme la Library of Congress ou l’OCLC. Nous sentons en définitive que la Music Business Association n’est pas parvenue à animer le véritable débat qu’elle prétendait incarner.
Mentionnons pour terminer, que les divers enjeux majeurs évoqués plus haut ont tout de même fait l’objet de quelques attentions. Ainsi, le ISRC vient de terminer un appel de proposition qui a pour but de documenter les besoins du milieu en lien avec sa révision et sa possible mise à disposition à partir d’une base de données centralisée; le Studio Working Group de la Recording Academy et de DDEX travaille sur une version légère de son standard qui pourrait devenir une référence lorsque vient le temps de statuer sur les informations importantes à réunir lorsqu’on lance un nouvel album. À suivre.
Jean-Robert Bisaillon était à Nashville dans le but de faire la promotion du projet québécois TGiT.
Il était accompagné par Jonathan Falardeau du studio de développement logiciel Pyxis mais c’est avec une fan de TGiT « Folksonomy » que vous le voyez sur la photo.
TGiT était commanditaire du MusicBiz Music Industry Metadata Summit grâce au soutien du programme de développement des marchés numériques de Musicaction et du programme expérimental du Fonds des médias du Canada.
Pour plus d’informations il est possible de consulter le http://tagyourmusic.com/fr/